J'aime ce silence
Oui, d’autant
plus que les américains aiment parler fort. Pourquoi ? Sont-ils
sourds ? Pensent-ils que les autres
le sont ? Assurément, car l’on croit toujours qu’autrui est fait comme
nous. Grosse erreur.
Le silence dont
je parle se fait entendre, si j’ose dire, dans la situation suivante : mon
fils est un petit bout de chou adorable de 7 mois maintenant, d’une nature
heureuse et bienveillante, qui, pour éviter tout conflit, en particulier avec
la gente féminine, sourit largement à tout le monde. Immanquablement, la dite gente féminine me
demande son âge –oh, really, he is a big boy !!! Non, il est tout à fait
dans la norme, mais il faut dire que dans mes bras, il fait plutôt 14
ans… Puis, on LUI demande son nom. Ca me gène toujours un peu pour lui, pauvre petit, il ne sait pas trop
quoi dire, pour deux raisons, d’ailleurs : premièrement car il ne sait pas
son nom, je l’appelle toujours autrement, et deuxièmement car il a sept mois
tout juste et ne parle pas encore. Je me
dévoue, dis son prénom et LÀ, satisfaction suprême, c’est le silence total d’incompréhension, les
yeux de mon interlocutrice se font vitreux d’abord, inexpressif ensuite et l’on
y voit clairement la recherche affolée de la bouée de sauvetage – que je ne
jette jamais. Les réactions qui suivent
ce –trop court –silence sont diverses, et l’on me demande toujours une
étymologie détaillée que je donne en prenant mon accent français le plus fort. Je quitte ensuite les lieux avec satisfaction. J’ai eu mon moment de zen.
Le titre musical
du jour, à écouter en boucle et sans modération : Cantus Caravaggio I, de
l’album Lachrimae Caravaggio (Le Concert des Nations Hesperion XXI, Jordi
Savall, Dominique Fernandez) Aliavox