La politesse (première partie)...
... je pense qu’il y en aura une petite vingtaine.
J’ai vécu bien
des années dans ce pays, sans me rendre compte DU TOUT que je n’étais pas
polie. Le jour où cet état de fait m’est
apparu, ce fut, n’ayons pas peur des mots, une révélation.
Je mens un
peu : j’ai eu des doutes que ma belle-mère a fini par dissiper, si elle
voulait elle-même garder la face. Il
faut dire merci, ça, on s’en doute, s’il vous plait, bien sûr, le je vous en
prie (qui me dérange, je développerai plus tard), et ce que ma grand-mère
appelait (et D’ sait si cette chère femme si connaissait), les
lettres-châteaux, qui me gonflent.
Je me vois devant
ce dilemme : je ne sais si c’est typique de ma famille ou des Français en
général, mais j’ai grandi avec un « de rien », ou « je vous en prie » optionnel. Faut-il donc que je perpétue la tradition familiale – ou nationale en
n’enseignant pas cela à ma fille, ou que je me fonde dans la masse
hypocritico-américaine ? Essayez de
vous représenter la situation suivante : ma fille me demande du pain et du
beurre. Je lui prépare ce qu’elle
désire, lui apporte, et elle ne me remercie pas. Je dis donc d’une voix
forte : « merci, maman ! ». Pas de réponse. Je répète trois ou quatre fois la même chose,
elle dit enfin : « merci, maman ». Et je réponds : « de
rien ! » ???
Venons-en aux
lettres-châteaux, qui sont, d’après ce que j’ai pu comprendre, des lettres de
remerciements pour une invitation à dîner. Ici, c’est pour tout, y compris pour les cadeaux d’anniversaire
d’enfants. Il faut donc se mettre à 4
pattes avec son enfant qui déchire joyeusement les papiers, se moquant bien des
enveloppes soigneusement attachées au présent et dûment signées du donateur
dont les parents attendrons de pied ferme une note de remerciement, et noter
qui a donné quoi. Ensuite, lors d’un de
ces nombreux moments de liberté que vous avez quand vous avez 2 enfants, dont
l’un en bas âge, un travail, pas de nounou ni de baby-sitter, ni de femme de
ménage, vous rédigez entre 15 et 20 de ces missives que vous devez bien sûr
customiser en mentionnant le cadeau du donateur. Ces cartes seront ensuite déchirées et mises
à la poubelle dans les cinq secondes qui suivront leur réception. Dans la famille sauvez les arbres, je voudrais
Idéfix…
Le titre musical
du jour :
Quand je suis mis, de Guillaume de Machaut