Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alabama mon amour
6 avril 2008

Money, money

Vous avez remarqué que je n’ai pas encore parlé d’argent, alors que c’est le sujet de conversation numéro un des Américains. Mais je suis française, donc un peu coincée du bocal sur le sujet. Ici, on aime savoir ce que vous faites, pour en déduire combien vous gagnez, et donc vous situer dans une échelle de valeurs sociales. Je me souviens avoir été choquée récemment par la rapidité de la question, au moment où je présentais mon mari à la grand-mère d’une de mes élèves, rencontrée par hasard à Whole Foods (vous me direz, tu cherches un peu les problèmes, Whole Foods, c’est pas la supérette de la station essence de Rogersville – certes, mais ils ont un bar à olives à faire pâlir les Grecs) Anyways, je fais les présentations, les « nice to meet you » fusent des deux côtés, your son is adorable de la part d’Elizabeth Taylor, thank you répond le père ravi, et, sans plus attendre, un « and what do you do ? » -- qu’on pourrait traduire par : «  et qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » Voilà, après la réponse donnée, vous pouviez facilement voir les rouages du cerveau d’Elizabeth Taylor se mettre en marche pour ranger notre petite famille dans le tiroir prévu à cet effet.

Curieusement, on ne me demande pas toujours, à moi, ce que je fais dans la vie. Quand incidemment je dis que je ne peux pas participer à telle ou telle manifestation sociale ou sportive parce que je travaille, on me regarde étonné : « Ah bon ? Et qu’est-ce que vous faites ? » Une fois, excédée, j’ai répondu que j’étais anthropologue, envoyée par le gouvernement français en Alabama pour y étudier les us et coutumes des autochtones du sud-est des Etats-Unis. « Oh. » fut la réponse. J’ai eu la paix.

 

On vous demande aussi sans vergogne combien coûte votre maison, mais on vous dit très peu qu’on trouve votre violoncelliste super mignon.

 

Mais je m’égare.

 

Récemment, et comme tous les Américains doivent le faire, mon mari et moi avons fini nos impôts. Comme nous sommes tous les deux à notre compte, que nous venons de déménager en enfer Alabama, et que nous avons eu un bébé l’an dernier, nos séances nocturnes de récupération de tickets de caisse, formulaires de toutes sortes, contrats, déclaration de ci et de ça, ont été nombreuses, épiques, interminables, mais parfois drôles.

 

Quand enfin tout est prêt à envoyer au comptable, mon mari me dit que je devrais demander une carte de crédit réservée uniquement à mon business, j’aurais ainsi la liste bien ordonnée de mes achats d’instruments, partitions, fournitures, musique, fringues, etc. Les séances d’impôt 2008 risqueraient d’en être grandement facilitées. J’hésite. Je me souviens de ce couple d’amis que nous connaissions en Californie. A moins de trente ans, ils étaient endettés jusqu’au cou, et, malgré cela, travaillaient activement à creuser davantage leur abime financier dette.

 

Je ronchonne, réfléchis, google deux ou trois sites, et finis par remplir un formulaire en ligne pour l’obtention d’une carte de crédit. J’ai mis en tout et pour tout une BONNE demi-minute pour faire une demande de carte et obtenir l’autorisation.

Cinq jours après, je reçois ma carte, avec une limite tellement élevée qu’en appelant l’organisme pour l’activer, je demande une réduction de crédit. L’agent, interloquée, me fait répéter ma requête, je m’exécute, elle me met en attente pour demander conseil à son supérieur. Au bout de quelques secondes, elle me dit sur le ton de la confidence, vous savez, c’est très bien d’avoir une telle limite, nous ne pouvons la réduire pour vous, mais, c’est très bien…

 

C’était simple, rapide, efficace, j’aurais pu m’acheter une voiture le jour même.

 

Mais voilà, on ne se refait pas : mon premier risque financier, 20 flûtes à nez (nose flutes) pour mes élèves. Voici celles du « Maitre »,

deuxflutesanez



j’ai pris plastoc pour mes élèves…

Nose_flute

 

 

Ceci n’est pas VRAIMENT une suggestion musicale, mais j’ai trouvé ça marrant:

 

Kentucky

T Dutchersmith and the Rubber Band

Mama don’t allow no ose flute playin’ around here

Publicité
Commentaires
A
welcome. <br /> J'ai toujours oublié mon lait sur le feu quand on me demande combien a couté ma maison. Cette question revient très régulièrement (j'achète beaucoup de lait...)
J
Whoa . . . je ne suis pas d'accord. Oui, c'est normal de poser des questions sur le type d'occupation de quelqu'un, mais pas sur le salaire. Je ne demanderais jamais à quelqu'un combien il gagne. C'est considéré comme une infraction d'intimité.
A
la liberté c'est la privation de liberté
F
Un autre monde.. j'ai du mal à commenter. Comment dire? Quel dommage que ce côté "tout est possible", qui a quelque chose de magique, se transforme en un piège. ça devrait être plus positif. Tout d'un coup comme ça, j'ai un vieux coup de philosophie qui me tombe sur la figure et je me dis que la liberté est dure à gérer pour les hommes qui sont des enfants...Ou alors c'est un faux monde anchanté avec des tables de petites bouteilles "achète-moi", "achète-moi"?
A
oui, c'est le monde de la compétition,ici!<br /> c'est d'ailleurs très chiant. Heureusement que mes enfants sont les plus beaux et les plus intelligents!<br /> J'espère en tous cas leur apporter une vision de la vie un peu différente.<br /> Les nose flutes (en tous cas celles-ci, pas celles d'Hawaï ou des îles Fidji) se placent sur le nez, donc, et basically, on se mouche dedans en bougeant la bouche pour faire différentes notes. N'importe qui peut en jouer. C'est très drôle. Je les conseille à tous!
Publicité
Publicité