Money, money
Vous avez
remarqué que je n’ai pas encore parlé d’argent, alors que c’est le sujet de
conversation numéro un des Américains. Mais
je suis française, donc un peu coincée du bocal sur le sujet. Ici, on aime savoir ce que vous faites, pour en
déduire combien vous gagnez, et donc vous situer dans une échelle de valeurs
sociales. Je me souviens avoir été
choquée récemment par la rapidité de la question, au moment où je présentais
mon mari à la grand-mère d’une de mes élèves, rencontrée par hasard à Whole
Foods (vous me direz, tu cherches un peu les problèmes, Whole Foods, c’est pas
la supérette de la station essence de Rogersville – certes, mais ils ont un bar
à olives à faire pâlir les Grecs) Anyways, je fais les présentations, les « nice to meet you »
fusent des deux côtés, your son is adorable de la part d’Elizabeth Taylor,
thank you répond le père ravi, et, sans plus attendre, un « and what do
you do ? » -- qu’on pourrait traduire par : « et
qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » Voilà, après la réponse
donnée, vous pouviez facilement voir les rouages du cerveau d’Elizabeth Taylor
se mettre en marche pour ranger notre petite famille dans le tiroir prévu à cet
effet.
Curieusement, on
ne me demande pas toujours, à moi, ce que je fais dans la vie. Quand incidemment je dis que je ne peux pas
participer à telle ou telle manifestation sociale ou sportive parce que je
travaille, on me regarde étonné : « Ah bon ? Et qu’est-ce que vous
faites ? » Une fois, excédée,
j’ai répondu que j’étais anthropologue, envoyée par le gouvernement français en
Alabama pour y étudier les us et coutumes des autochtones du sud-est des
Etats-Unis. « Oh. » fut la
réponse. J’ai eu la paix.
On vous demande
aussi sans vergogne combien coûte votre maison, mais on vous dit très peu qu’on
trouve votre violoncelliste super mignon.
Mais je m’égare.
Récemment, et
comme tous les Américains doivent le faire, mon mari et moi avons fini nos
impôts. Comme nous sommes tous les deux
à notre compte, que nous venons de déménager en enfer Alabama, et que nous
avons eu un bébé l’an dernier, nos séances nocturnes de récupération de tickets
de caisse, formulaires de toutes sortes, contrats, déclaration de ci et de ça,
ont été nombreuses, épiques, interminables, mais parfois drôles.
Quand enfin tout
est prêt à envoyer au comptable, mon mari me dit que je devrais demander une
carte de crédit réservée uniquement à mon business, j’aurais ainsi la liste
bien ordonnée de mes achats d’instruments, partitions, fournitures, musique,
fringues, etc. Les séances d’impôt 2008
risqueraient d’en être grandement facilitées. J’hésite. Je me souviens de ce
couple d’amis que nous connaissions en Californie. A moins de trente ans, ils étaient endettés
jusqu’au cou, et, malgré cela, travaillaient activement à creuser davantage
leur abime financier dette.
Je ronchonne,
réfléchis, google deux ou trois sites, et finis par remplir un formulaire en
ligne pour l’obtention d’une carte de crédit. J’ai mis en tout et pour tout une BONNE demi-minute pour faire une
demande de carte et obtenir l’autorisation.
Cinq jours après,
je reçois ma carte, avec une limite tellement élevée qu’en appelant l’organisme
pour l’activer, je demande une réduction de crédit. L’agent, interloquée, me fait répéter ma
requête, je m’exécute, elle me met en attente pour demander conseil à son
supérieur. Au bout de quelques secondes,
elle me dit sur le ton de la confidence, vous savez, c’est très bien d’avoir
une telle limite, nous ne pouvons la réduire pour vous, mais, c’est très bien…
C’était simple, rapide,
efficace, j’aurais pu m’acheter une voiture le jour même.
Mais voilà, on ne se refait pas : mon premier risque financier, 20 flûtes à nez (nose flutes) pour mes élèves. Voici celles du « Maitre »,
j’ai pris plastoc pour mes élèves…
Ceci n’est pas
VRAIMENT une suggestion musicale, mais j’ai trouvé ça marrant:
Kentucky
Mama don’t allow no ose flute playin’ around here