Un petit coup de main
Je remarque qu’à
l’école de ma fille, on encourage activement les parents à participer à la vie
et aux évènements scolaires. (On nous dit même comment nous habiller pour
certains d’entre eux, c’est sidérant. Tonguette ne doit pas lire les feuillets à fond.) D’ailleurs, à la rentrée, la vice principale
nous avait prévenus que nous, parents, serions amenés à passer autant de
temps à la maison qu’à l’école. MÊME PAS
je commente.
Alors, afin de
jouer les fayotes mères attentionnées, je décide de participer à la préparation
de la foire à l’environnement. Il s’agit
de construire un village en carton pour les enfants, sans doute pour leur
montrer qu’on peut s’amuser et faire de FABULEUSES choses avec de vieilles
boîtes (comme s’ils ne le savaient pas…même Titi recycle.)
je mets une photo pour égayer...
Je me pointe à
l’heure dite à l’école, avec mon Titi dans la poussette. Là, je vois Pipelette (au téléphone), Tonguette,
toujours aussi chic, et bien sûr tout un tas de mamans que je ne connais pas
(je suis nouvelle.) En tant que telle, on me demande gentiment d’où je viens,
et pourquoi avoir choisi l’Alabama (je me pose moi-même toujours la question). On pense que c’est dû au travail de mon époux
(le mien, on s’en tape), je souris poliment, prends un cutter et commence à
construire une boulangerie avec un auvent, jusque là tout va bien. Et puis arrive la chef de notre équipe de
bénévole que j’appellerai Sarkozette. Elle nous dévoile son programme plan, nous prodigue des conseils,
remarque d’un œil critique ma boulangerie –je commence le poste de police, alors ?…et
nous traite comme des gosses. Elle parle
fort d’un ton assuré pour dire des choses que l’on sait déjà, Pipelette s’en
tape, elle est toujours au bout du fil, et les autres mamans sont au garde à
vous. Sarkozette est maintenant au microphone
téléphone, on ne peut feindre d’ignorer la teneur de la conversation.
Et puis, pendant
que je construis les barreaux de la prison, UN HOMME, un père d’élève arrive
pour aider à la tâche, qui ose déranger cet univers exclusivement féminin (Titi
ne compte pas encore) Sarkozette n’en peut plus, elle papillonne autour de…
appelons-le W. Thaidh (pour What the hell am I doing here) elle fait la roue, minaude,
lui demande comment marchent les affaires, prétend ADORER les pizzas (il est
dans la restauration), lui pardonne ses maladresses, sourit, transformée de
Frau Kommandant en jeune fille en fleur. Le pauvre homme ne sait comment gérer les compliments qu’elle lui
prodigue. Voir une Américaine de
quarante ans essayer de draguer, c’est chose rare (je prends des notes.) W. T. annonce malheureusement qu’il doit
partir, sans doute pour mettre fin à son calvaire. J’ai peur que Sarkozette ne reprenne les
hostilités. Ce qu’elle fait.
Comme je finis
les fondations de ma guillotine, mon portable sonne, chose rare en soi, mais le
temps que je l’attrape me permet de monter un scénario de sauvetage éclair dans
ma tête. Bien sûr, la boite vocale s’est
mise en route, mais je fais comme si de rien n’était et feins de répondre, en français,
bien sûr. En raccrochant, je regarde,
faussement navrée, mes partenaires bénévoles et déclare, sans autres explications,
que je dois partir. Je prends Titit sous
le bras et JE ME CASSE.
La fête s’est bien passée, j’ai reçu un SMS de remerciement de Sarkozette. On ne m’a pas redemandée.
Chouette.
Suggestion musicale du jour:
Pari Intervallo
Arvo Pärt
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