Les media
Il y a quelque
temps, plusieurs nuits de suite, nous sommes réveillés entre 4 et 5 heures du
matin par un grand boum. Ca n’a pas
l’air d’être le voisin, plus saoul que d’habitude, j’en déduis bien vite que
c’est le livreur de journaux qui balance allègrement notre quotidien par flemme
de s’approcher de la maison. Un coup de
fil à qui de droit, et c’est réglé, j’en connais un qui pourra à peine
s’acheter des clopes avec ses étrennes.
Se faire
réveiller par une feuille de chou. Impensable. En plus, le New York
Times est gratuit sur Internet, mais il faut la journée…
D’ailleurs, on ne
le dira jamais assez, méfiez-vous des media. Ca me rappelle une mésaventure qui a bien changé mon regard sur le monde
des news. Mais je vous la fais
courte. C’était il y a quelques années,
à San Diego : naissance de ma fille, bébé en siège, césarienne. Une journaliste de télé locale décide de faire
son émission sur la montée en flèche des naissances par césarienne (ici
appelées C-section) aux US, soi-disant encouragée par les OB (gynécos) par
crainte de procès suite à des épisios mal faites (en parlant de procès, j’en ai
une bonne, remind me later). Donc le
lendemain de la naissance, une infirmière me demande si je veux bien donner une
interview. Dans le gaz, j’accepte, et je
vois ma chambre d’hôpital soudainement et rapidement redécorée avec les fleurs
des cellules chambres voisines, des ballons avec marqué « It’s a
girl ! » (ça, je savais), et tout et tout. C’est surtout les nurses qui sont excitées
par l’évènement. Nous habillons le bébé
d’un beau pyjama jaune, quant à moi, après 30 heures de travail, une nuit sous
morphine et une césa, j’avais connu des jours plus sexys, vous vous en doutez.
Il y avait même un gâteau de couches (diaper cake)... entre ça et le saumon au lave-vaisselle, je ne sais plus trop quoi penser...
L’équipe de la télé arrive, la journaliste me pose des questions, elle essaie d’orienter mon discours vers le fait que l’hôpital et les médecins m’ont mis dans la tête de ne pas accoucher vaginalement, je nie tout EN BLOC, défend mon gynéco avec passion, puis elle me demande comment j’envisage mon prochain accouchement dont je ne contemple AUCUN ASPECT à l’heure qu’il est, je peux même pas pisser toute seule, je ne me vois pas du tout me présenter devant mon mari comme évènement érotique de l'année et l'inviter à batifoler dans les bois, et je lui dit, avec mon tact habituel. Elle rougit. – M’enfin.
Non, pas de photo.
Ensuite, elle me fait parler de l’avenir du bébé (avec mon accent français à couper au couteau, je crains les sous-titres lors de la diffusion du reportage, car ils en sont capables), de ce que je souhaite pour son avenir, moi, magnanime, je dis que la petite fera ce qu’elle désire (depuis, j’ai un peu changé d’avis, ça m’ennuierait quand même qu’elle soit altiste), et elle s’en va.
Quand le reportage passe à la télévision, bien sûr, tout ce que j'ai dit concernant l'accouchement est coupé. On garde la petite Frenchie avec son bébé tout mimi, mais le message est clair: ici, dans cet hôpital renommé de San Diego, on encourage l'utilisation de la chirurgie pour mettre les bébés au monde. Merde. (Excuse my French)
Je dois vraiment parler englais comme une vache espagnole.
Suggestion musicale du jour:
Vivaldi, Cello Cto in B minor RV 424
Christophe Coin