Moi aussi
Ceci est pour continuer la série lancée par Yibus : "Je déteste les mères"
Ça va, Yib's, ton enfance, tout ça?
J'appellerais donc cette mère en question, "Pétasse", à défaut d'un meilleur substantif. Pétasse, donc, est une petite blonde qui accompagne ses enfants à l'école, arrive souvent en retard, porte toujours des jogging suits de marque et des chaussures de sport immaculées. Remarquez qu'un jour je l'ai vue habillée en civil (le "Y" avait dû bruler...), et franchement, elle est beaucoup mieux en survêt. A chaque fois que nous nous croisons, elle me toise de la tête aux pieds -- je crois qu'elle m'aime.
Un jour, elle me dit: "j'adore les vêtements de votre fille, elle est toujours très bien mise. Vous les achetez en France, je suppose?" "Oui,", lui mens-je, "à Paris". "Je m'en doutais", fait-elle. -- Je tiens au passage à remercier ma belle-mère qui habille mes enfants de pied en cap depuis qu'ils sont nés avec une élégance, elle, toute parisienne.
Une autre fois, comme j'aidais la maitresse sur un projet manuel -- j'adore faire du bénévolat quand on ne me demande rien. -- , Pétasse décide de se joindre à nous. Elle écoute les explications entre deux coups de fil, s'assoit en face de moi, saisit l'un des pistolets à colle et me l'enfonce dans l'œil gauche et commence à travailler. Elle sort ensuite son iPod, se le carre dans les oreilles et m'ignore superbement. Message reçu, toi, tu pourras toujours te gratter le jour où tu voudras des conseils vestimentaires. Demain.
moi, je la préfère en beige, pas vous?
Et puis un jour, je suis sagement arrêtée au feu rouge de la sortie de l'école, je sirote mon thé "Marco Polo", fruité et fleuri de Mariage Frères quand un choc venant de l'arrière me fait avaler de travers et renverser mon breuvage. Je me retourne toussant et hors de moi, pour voir Pétasse sagement assise derrière son volant. Maintenant, je ne sais plus si c'est la rage ou le thé qui m'étouffe, je sors du véhicule, elle-même s'extirpe lentement de sa BM noire. Elle s'avance sans un mot et se penche sur son pare-choc. "Ça va," dit-elle," ma voiture n'a rien."
???
Elle m'aurait dit qu'elle même avait subit une vasectomie que je n'en aurais pas été plus estomaquée.
Non mais regardez-la!
Je lui dis minute butterfly, je crois qu'il y a méprise, c'est moi qui vais m'assurer que ma voiture n'a rien, ensuite on verra.
Elle a eu de la chance, aucune marque de sa connerie sur ma caisse, mais je n'ai pas dit mon dernier mot.
Effectivement, plusieurs semaines après, Pétasse s'approche de moi la bouche en cœur pour me dire qu'elle compte passer quelques jours à Paris et me demander le nom d'un hôtel. Y'a pas marqué Club Med sur mon front, je ne connais pas non plus Nadine et Jean-Michel, que j' lui dis au passage, mais je sens que je tiens ma vengeance.
La tentation est grande de lui dire qu'il y a trois ou quatre hôtels rue Saint Denis qui feraient certainement son affaire, mais non, je déclare qu'elle trouvera sans aucun doute sur Internet ou par une agence de voyages ce qui lui convient.
Bon voyage, et bon vent.
Suggestion Musicale du Jour (tiens, je me prends pour le NY Times...)
Les Witches
Manuscrit Suzanne van Soldt
TOUT L'ALBUM