Flo m'a taguer
ou
Pas fastoche le pastiche.
Voici l'explication.
J'essaie donc d'écrire comme on le fait sur Queen Anne's drive.
Le plus difficile fut de ne pas utiliser de gros mots. J'aime le style de Marie qui est d'une fluidité et d'une aisance remarquable, que j'envie.
Je me lance.
(raclements de gorge -- oui, c'est encore moi qui cause.)
Au début, je pensais que le mot intégration n'était pas un gros mot, et puis, avec le temps, j'ai apparemment multiplié les erreurs.
Maintenant, je souhaiterais presque me désintégrer.
Je me suis donc intégrée, comme ça, petit à petit, presque à mon insu, avec le temps.
Ah, le temps.
Tout a commencé il y a bien longtemps, quand mon amie G., tout nouvelle expatriée, a jeté un œil curieux sur ma liste de courses et m'a dit, impitoyable: "tu fais ta liste en anglais, t'es grave, toi." La sentence avait été rendue sans détour, j'étais coupable, ça ne faisait aucun doute. La feuille de papier jaune à grosses lignes - tiens, encore une acculturation, je ne possédais plus de bloc notes à petits carreaux de notre enfance où je gribouillais joyeusement pendant certains cours théoriques, plutôt boring, du conservatoire. La feuille jaune, disais-je, était elle-même en phase d'intégration, puisque les mots cilantro, zucchini et eggs cotoyaient les bouillons cubes et autres viande pour bourguignon. Un mot sur deux est rédigé in English, people.
Yes.
Mais pourquoi chercherais-je une excuse auprès de G., qui malgré sa désertion inattendue de ma surface voyageable au quotidien, était une amie, une vraie, de celles qui ne vous jugent pas pour 3 mots d'anglais griffonnés sur un papier, tout jaune soit-il, de celles avec qui vous êtes vous même en toutes circonstances, qui acceptent vos rires et vos larmes avec la même intensité, de celles qui sont there for you. Et pourtant, de tous les couples franco-français que j'avais côtoyés, s'il y en avait bien UN qui resterait, c'était G. et P. qui vivaient leur rêve américain avec bonheur et intensité. Un été, soudainement, ils sont rentrés, me laissant là, pauvrette, seule, comme deux ronds de flan. Pof.
Avant d'entamer le paragraphe suivant je tiens à prévenir le lecteur: non, je ne suis pas parfaite. Voilà, c'est dit. Amère déception, je sais, comme ils disent en anglais, c'est la vie.
L'autre évènement qui me donne plus la chair de poule est l'achat, l'été dernier à Palm Beach, Florida, d'une petite robe d'été toute simple, qui m'allait comme un gant et avantageait mes formes (je n'ai pas dit accentuaient mes formes avantageuses) et qui me semblait parfaite pour le mariage l'été suivant de mon grand frère à Paris. Quand je la montrai à ma mère en visite ici, elle fit clairement la moue et me dit, mouais, faut voir avec C. (la future), elle est un peu brillante. C'est un mariage, maman, rétorquai-je, déjà vexée par mon manque de gout. Le coup de grâce fut porté par une autre visiteuse française, qui tout récemment me dit, et sans ambages: "elle fait très américaine, cette robe."
Et, une deuxième fois, L. m' a tuer.