And Tartuffe?
J'ai osé aller dimanche dernier voir le Tartuffe ou l'imposteur, de Molière, traduit en anglais et interprété par des lycéens de notre cher État d'Alabama.
Oui.
Vous me direz, Ariana, tu cherches le bâton pour te faire battre, et vous auriez, a priori raison. Mais, chers lecteurs, sachez que jouer Tartuffe, -- interdit par deux fois par la "vieille Cour" des dévots de Louis XIV puis finalement accepté par le Roi -- en Alabama où l'on peut sauter à cloche pied d'une église à une autre, c'est quand même fort. Je ne peux vous laisser ignorer la réflexion de ma mère le matin même de la représentation alors que nous passions en voiture devant un parking énorme, plein à craquer, où 2 ou 3 véhicules de police guidaient péniblement la circulation. "oh, la!, mais que se passe-t-il par ici?", dit ma mère, affolée. "Ben c'est la messe, maman", lui réponds-je, laconique. Ah, fait-elle, définitivement convaincue par la religiosité du lieu. Et l'Alabama est l'un des seuls états que je connaisse à annoncer par ticker, sur la chaine affiliée NBC locale, quand le temps est inclément, l'annulation des services religieux dominicaux. La prochaine fois que je m'hydrate le visage, j'appellerai NBC pour qu'ils fassent une annonce nationale.
And Tawtouffe? -- ben oui, je me moque de leur accent, vous croyez qu'ils se gênent avec moi, eux?
Je vous renvoie à votre Profil d'une Œuvre, la pièce est longue, géniale, drôle et en alexandrin.
Un lycée Art/Études c'est ce dont il s'agit
Les acteurs y sont jeunes, enthousiastes, talentueux,
Emprunts de cette fraicheur qui suscite l'envie.
Les décors sont plaisants, les costumes somptueux.
Maintenant, la critique que vous attendez tous. Donc, déjà, nous entrons dans la salle, et y'a une nénette qui joue de son épinette AMPLIFIÉE, j'ai cru m'évanouir, elle interprète Lully et Charpentier comme moi la musique de salon Nord-finlandaise, un vrai massacre, j'ai honte pour elle, mais je ne dis rien, ça me coûte comme vous devez vous en douter. Cela dit, elle oublie de rallumer le micro à l'entracte, je vois ses petits doigts s'agiter en silence, je jubile.
Les bras m'en tombent. Ouais, faut pas exagérer, hein, finis, les alexandrins.
Et puis, avant la levée du rideau le Directeur du Depâââârtement Art Dramatique nous a fait un petit discours, en gros, éteignez vos portables et autres sound-making-devices, surtout mon gendre, ah, ah, ah, --il est un peu comme moi, il se fait rire tout seul, MAIS aussi et SURTOUT, on a besoin de fric, l'État d'Alabama nous refuse les fonds alloués par le gouvernement, nous n'avons QU'UN SEUL frigidaire pour nos étudiants, O désespoir, ils vont boire du Coca tiède, help.
Alors là mes enfants, j'en ai visité, des écoles publiques du comté, et s'il y en a bien une qui n'a pas besoin d'aide, c'est celle-ci, les lieux sont magnifiquement décorés et entretenus, alors que d'autres établissements n'ont tout simplement pas assez de tables et de chaises pour les enfants. Alors à la petite nana en pull cachemire rose qui tendait son panier à l'entracte, je donne mon sourire le plus cher -- celui réservé aux flics.
La bonne femme du premier rang a fini son tricot devant le jeu des acteurs, ils savent maintenant qu'ils sont prêts pour la téloche, c'est encourageant.
Somme toute un bon moment, donc, surtout à voir la bouille de ma puce bouche bée pendant 2 heures devant de jeunes comédiens prometteurs.
Suggestion musicale du jour:
Marche des Mousquetaires
A. Danican Philidor, Hugo Reyne et la Simphonie du Marais
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