Changement
La semaine dernière, visite de la nouvelle école de la puce. Elle est enthousiaste, prête au changement. Elle mène l'entretien avec la personne qui nous fait visiter les lieux, je marche en arrière pour essayer de réparer les tentatives de redécoration de Titi qui arrache consciencieusement les drapeaux américains couvrant les murs extérieurs des classes. Mon fils.
Puis la chère dame me déclare que je dois fournir un justificatif de résidence à présenter au "board". Ah. Au board de quoi, pensé-je, quel board, au board du gouffre? Et elle continue à parler, son accent du sud est tel que j'ai du mal à comprendre, je ne souhaite pas arriver au board des larmes, alors, bravement, je demande "what board?" , well, derrière la bibliothèque, me répond-elle, ah oui, forcément là, c'est plus clair. "Listen, dis-je d'une voix assurée, je ne sais pas de quoi vous parlez, donnez-moi une adresse". Elle s'exécute, comprenant que je ne fais pas encore partie de sa communauté de perfect- moms-qui-comprennent-tout-très-vite.
Le lendemain, un vrai miracle, je trouve l'endroit, la personne qui photocopie soigneusement mon titre de propriété et qui me fait remplir une bonne centaine de feuillets. Profession du père, bien sûr, celle de la mère on s'en tape le coquillard, puis l'on se demande si le chef de famille a exercé la profession suivante: pêcheur de crevettes, de palourdes ou d'huîtres. Pardon, dis-je, en quoi ces questions sont-elles pertinentes? Ah, fait-elle avec mépris, c'est pour les immigrés. Je SUIS immigrée, dis-je vertement.
Ça sent le poisson
Silence gêné. Ce n'est qu'une formalité, tous le monde doit remplir ce questionnaire. Non mais il doit y avoir une raison? insisté-je lourdement. C'est pour un programme d'intégration, oh, téléphone, if you'll excuse me... Je n'en saurai pas plus.
Et puis le jour de l'inscription arrive, 20 Perfect Moms du PTA (Parent Teacher Association) sont là, derrière les tables, qui attendent leurs semblables derrière leur ordinateur portable, l'organisation est parfaite, tout se déroule bien, je gère pas trop mal le moment où Titi décide de tirer le décolleté de ma robe, attrape mon soutien-gorge au passage et demande: "Il est où, iPod, maman?" -- car c'est là que je clippe mon player. Il est dans la voiture, Titi, lui réponds-je en me rhabillant. Oh, fait-il, puis il se retourne vers les spectatrices et lance un "Nice to meet you!" qui détend leur atmosphère.
Donc voilà, non seulement la puce est inscrite, mais je paye 40 dol à j'sais pas qui pour que les fournitures scolaires de ma gamine soient déposées sur son bureau le jour de la rentrée. Je suppose que la magie n'est pas utilisée pour un tel résultat. Je commence à peine à penser que leur chasse au bénévoles doit être relativement active quand leur chef, une sorte de Supersarkozette, en somme, me tombe dessus à bras raccourcis et me plante dans la main un formulaire avec toutes mes options pour aider l'école: 41 propositions, ni plus, ni moins, dont la dernière: Our family is unable to commit to any volunteer activity at this time. Tentant, non?
Alors voilà, adieu Pipelette, Tonguette et Sarkozette N°1, je retrouverai à n'en point douter vos équivalentes dans ce nouvel établissement, et ferai un jour partie, pour que vous soyez fières de moi, du groupe des Perfectmomettes.
Suggestion musicale du jour:
William Byrd
Lamentations
Lay Clerks of St. John's Chapel